Journal du Festival V : Récital de Natalia Troull
Ce mercredi 7 août, la grande dame russe du piano, a donné un récital rare, autour de trois compositeurs, Haydn, Beethoven et Schumann, trois modèles de rigueur et de liberté d’écriture, que restitue le jeu pénétrant de l’artiste.
Le public de l’auditorium Campra fait silence, dès les premières notes, comme hypnotisé par un jeu pur, précis, puissant, habité par le chant intérieur déposé par les compositeurs dans leurs œuvres et dont la pianiste exalte la parenté : jeu de formes entre sonate, fugue, variations et alternance ordonnée de momentform, forme momentanée, sous les doigts d’une interprète totalement dévouée à l’art du piano.
Fugacité de l’instant : le battement du trille, si différent d’un compositeur à l’autre, monte et descend de la scène en poussière d’étoile, passant de l’ornement (Haydn) au fondement (Beethoven), avant de se fondre dans le chant schumannien. Le rythme, élément saillant sous les mains souverainement tactiles et préhensiles de Natalia, est l’énergie avec laquelle l’artiste poursuit la quête des confins pianistiques. Le toucher, ce saisissement du clavier, part à la recherche du noyau sonore, qu’enrobe un legato pensé à l’échelle de la note chez Haydn, du motif chez Beethoven, de la séquence chez Schumann.
Haydn, Variations en fa mineur Hob XVII/6
Beethoven, Sonate n° 32 op. 111 en do mineur
Schumann, Davidsbündlertänze op. 6