Journal du Festival VII : Concert de clôture en l’honneur de Dominique Merlet

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Ce samedi 10 août, le Festival, dont l’un des axes forts est la transmission – reconnaissance des grands passeurs, engagement des acteurs du présent et projection vers ceux de demain – a tenu à célébrer Dominique Merlet, maître de musique, de piano et de vie, présent dans la salle puis sur la scène lors des saluts finaux.

Philippe Cassard, au micro, trace la figure du maître, professeur au Conservatoire National de Paris puis à la Haute École de Genève, en insistant sur « sa passion, son exigence, son éthique du métier, au service sacré de la musique et des compositeurs. »

Il recueille les témoignages des élèves des différentes générations – pour la première cinquante ans en arrière – qui, après avoir joué, semblent revivre avec une grande émotion ces années cruciales de formation.

Ils abordent le piano comme une palette de couleurs qu’ils tiendraient entre les deux prolongement des mains que sont leurs bras, souplement arrondis en demi-couronne à l’avant de clavier.

Sur le plan du répertoire, la diversité des œuvres sélectionnées par la dizaine d’artistes, rend compte d’une des préoccupations centrales du professeur Dominique Merlet : doter ses élèves de répertoires cohérents, de Bach à Bartók, afin, selon ses mots, « qu’il n’y ait pas de trous dans la raquette » !

L’auditeur retient l’axe puissant d’un hispanisme subtil, que Dominique Merlet aura fait découvrir à la pianiste espagnole Marta Zabelata (extrait d’Iberia d’Albeniz), avec son mysticisme souterrain, austère et intense (Michel Bourdoncle, Déodat De Séverac, Les Muletiers devant le Christ de Llivia).

L’autre axe puissant, qui circule d’œuvre en œuvre, d’interprète en interprète, est celui du chant, ample chez Fauré, lyrique chez Chopin, bouleversant chez Schumann, religieux sous les doigts mis au sublime travail de l’écriture polyphonique par Frédéric Aguessy (Bach, Aria “Schafe Können sicher wieder”, transcrit pour piano par Egon Petri, élève de Busoni), et fluide : toujours.

L’esprit du Festival souffle sur la scène de l’auditorium Campra en rendant palpable la ligne ininterrompue du grand maître Dominique Merlet : hommage à la musique telle qu’elle se déroule, se vit, se transmet, se reçoit et se partage au gré des grandes rencontres. Le maître, très ému, ne s’attendait pas à cela : une salle comble, autant d’élèves, d’œuvres, de témoignages et d’élan, de la musique au cœur.

Florence Lethurgez