Troisième soirée des Nuits pianistiques à Musique dans la rue : sérénades en duo
Le troisième triptyque de concerts, ouvert pour le Festival Musique dans la rue par le Festival Nuits pianistiques, dans ce triple partenariat avec la Ville d’Aix-en-Provence et le Conservatoire Darius Milhaud, fait appel, tout d’abord, à l’originalité d’un duo harpe et violon.
Cet ensemble composite, tenu par les mains solidement et sensiblement expertes de Linda Hedlund et Floraleda Sacchi, appelle un répertoire non moins singulier, fait d’œuvres écrites exprès et d’autres empruntées, arrangées, transcrites, regardant du côté des répertoires cross over, du tango intimo et nuovo d’Astor Piazzolla (Escualo, Inverno y primavera portenas) et de Carlos Gardel (Por una Cabeza revu par John Williams), quelques compositeurs répétitifs et minimalistes (Braises de Richter et Façades Glass), et rehaussé par les divines douceurs de la Méditation de Thaïs (Massenet).
L’œil retient la posture impeccablement verticale des deux artistes, l’oreille leur quête d’espace et d’équilibre dans la cour Sainte-Catherine. Le lieu, aux teintes subtilement auréolées de rouge et de bleu, est, le temps de cette sérénade féminine, traversé par les timbres et les accents tenus à la croisée des répertoires populaires et savants.
La dernière partie de soirée fait place à un autre duo de pianistes croates, père et fils, Duo Gašparović, réunis dans un programme pour piano à quatre mains. Du riche répertoire pour cette formation chambriste qui permet de jouer toutes les musiques, des symphonies transcrites aux œuvres pensées pour un clavier élargi, les artistes retiennent les pièces les plus emblématiques : lyrique Schubert, chorégraphiques Dvorak et Brahms et magique Ravel. La fantaisie déroule son questionnement infini, les danses slaves et hongroises leurs élans d’un autre temps, les contes de Ma mère l’Oye leurs histoires de fées à dormir debout, pour mieux avoir la tête dans les étoiles.
Florence Lethurgez