Journal du Festival II : récital de JJ Jun Li Bui

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Le deuxième récital des Nuits pianistiques convie le jeune pianiste canadien, d’origine sino-vietnamienne, JJ Jun Li Bui, à poursuivre l’exploration des facettes nocturnes des compositeurs intimes du piano, Chopin et Ravel, entre lesquels s’insère le rare Schubert des Trois Klavierstücke D.946.
Comme la veille, un nocturne de Chopin fend fébrilement l’acoustique feutrée de l’Auditorium Campra. Fébrile, ardent, éruptif, est le jeu du jeune artiste, dans un Chopin qui semble vouloir se libérer, s’affranchir de l’élégance profonde et austère de la tradition.
Le corps, tête et jambe gauche, mis à contribution, rend plus lisible encore l’intention expressive, en quête de style et de phrasé, d’exploration des possibles quasi carnavalesques, dans le cantando chopinien (Mazurkas). La Sonate funèbre déploie ses trilles mousseux à l’aigu, ses conversations imaginaires, ses berceuses consolatrices et ses souffles inquiétants.
Mais soudain, après un Schubert fiévreux, la musique se pose, avec la Pavane pour une infante défunte de Ravel : palais de glace, cristallisation de l’eau lustrale à laquelle s’abreuve et se purifie l’inspiration native et intime de l’interprète.
Toute la musique déployée sous les doigts de JJ fait bouillonner un moteur intérieur, un mouvement de rotation, plus ou moins ample, des obsessions schubertiennes aux emballements ravéliens (La valse), en passant par les chevauchées spectrales de Chopin.
Florence Lethurgez