Soirée musicale Mardi 26 juillet à l’auditorium Campra
Mardi 26 juillet : 20h30 à l’auditorium Campra
Avec le soutien de TransMobilités
Soirée symphonique avec l’Orchestre Philharmonique de jeunes de Ludwigsburg
Verdi, La Forza del Destino
Smetana, La Moldau
Bizet, L´Arlésienne
Saint-Saëns, Allegro appasionato, concerto pour violoncelle
Milhaud, Scaramouche pour saxophone et orchestre
Bruch, Kol Nidrei
Marquez, Danzon n° 2
Zoe Münsberg | Julia Ruan : Violoncelle
Jette Marie Schwarz: Saxophone
Dietrich Schöller-Manno: direction
Ce soir, s’ouvre la première semaine du Festival international Les Nuits pianistiques d’Aix-en-Provence, qui en comporte trois, dans ce bel auditorium Campra du conservatoire Darius Milhaud, par un concert qui prélude à de nombreux moments musicaux gravitant autour du piano. Le Festival veut célébrer, par la musique, l’expression créative et l’encouragement des autres. Il fête cet été ses trente ans d’existence.
Il a déjà proposé une série de concerts, en avant-première et en ouverture de la saison, à l’hôtel du Roi René, dans l’amphithéâtre de la Manufacture, au château du Grand Callamand. Il se déplacera bientôt à l’Église Saint-Jean de Malte, pour y faire résonner le Quatuor pour la fin des temps d’Olivier Messiaen, autant de lieux et de scènes qui rapprochent la musique de différents publics.
C’est dans cet esprit de rapprochement que se place le concert de ce soir, avec l’Orchestre philarmonique de jeunes de Ludwigsburg, ville charmante, située près de Stuttgart, et qui bénéficie d’un patrimoine architectural baroque. Cet orchestre est composé de 65 de jeunes virtuoses prometteurs, sélectionnés dans les 15 écoles de musique de la région de Ludwigsburg.
Ce premier concert est soutenu par Transmobilité, un bureau d’étude spécialisé en ingénierie du trafic et des déplacements.
La phalange juvénile est placée sous la direction enthousiasmante de Dietrich Schöller-Manno, un chef d’orchestre engagé dans la promotion des jeunes au sein de l’orchestre symphonique, avec tout ce que cette situation implique en termes de compétence, de discipline et de sens de l’écoute de chacun au sein d’un collectif.
Le directeur musical a conçu un programme de pièces faisant se croiser les regards entre les pays européens : pays de l’est, France, Allemagne, Italie, avec l’ouverture de l’opéra La force du destin de Verdi pour ce dernier pays.
Pas moins de trois opus français, pays d’accueil de l’orchestre cette saison, sont programmés par le chef, qui souhaite ainsi le remercier. Une musique de scène, L’arlésienne de Bizet, composée en 1872, permet de mobiliser les différents pupitres de la formation orchestrale, les vents étant particulièrement étoffés (flûte par quatre, cors par trois, trombones par quatre, etc.). Un travail précis est effectué par le chef, afin de restituer tout l’art d’orchestrateur du compositeur.
La musique pure est également à l’honneur, avec l’Allegro appassionato du concerto pour violoncelle de Saint-Saëns, composé également en 1872. La partie concertante est confiée à la jeune soliste la plus expérimentée de l’orchestre. Elle démontrera sa capacité à phraser les lignes de sa partie et à se fondre dans l’orchestre, pour affronter une partition techniquement exigeante.
Le chef propose de la musique de scène à nouveau, avec Scaramouche, Suite pour saxophone et orchestre de Darius Milhaud, compositeur aixois qui a donné son nom au conservatoire dans lequel nous nous trouvons. Une autre soliste se dégage de l’orchestre (Jette Marie Schwarz), qui montre sa maîtrise d’un instrument relativement rare dans le répertoire classique. Milhaud fait cet arrangement en 1939, à partir d’une suite pour deux pianos, composée en 1937. Le piano n’est donc jamais très loin aux Nuits pianistiques ! Scaramouche est le nom d’un théâtre, situé sur l’avenue des Champs-Élysées à Paris, dans lequel l’écrivain et dramaturge Charles Vildrac, ami de Milhaud, avait fait un arrangement de la pièce Le médecin volant de Molière, pour un auditoire d’enfants. Mais Scaramouche, c’est aussi un personnage de la commedia dell’arte, dont le nom qui veut dire, en français : « petit batailleur ». Nous restons dans l’enfance de l’art.
Le compositeur tchèque, Smetana, est mis à l’honneur avec son célébrissime poème symphonique La Moldau, composée en 1874, dont les jeunes restitueront avec bonheur, l’évolution du thème principal.
Le Kol Nidre de Max Bruch – mot qui signifie en araméen : « tous les vœux » , reposera à nouveau sur les épaules solides de la violoncelliste, concertiste en herbe. Elle produira de beaux graves, dans cet adagio construit sur des mélodies hébraïques. Cette prière est l’une des plus importantes dans la liturgie judaïque, et renvoie à la notion de pardon.
Pour finir, la programmation du chef agrandira la boucle d’un voyage entre les nations, en traversant l’Atlantique, pour terminer en joie et en beauté, avec la Danzon n°2 du compositeur mexicain Arturo Marquez. Le matériau thématique et rythmique de cette œuvre, écrite en 1994, est emprunté à la musique traditionnelle, mais se voit acclimaté à l’orchestration complexe de la musique savante.
En bis est donnée un extrait de la musique de ballet La belle au bois dormant, du compositeur russe Tchaïkovski, la phalange revenant sur ses pas, pour les pousser plus loin vers l’est.
Les Nuits pianistiques, comme chaque année, souhaitent donner une occasion à des jeunes, venant de France comme de l’étranger, de jouer dans un cadre professionnalisant, et ainsi construire des ponts musicaux entre la France et les autres nations, mais également entre les générations, les jeunes et les publics du classique, les instruments connus et les instruments plus rares, ou encore les styles et les répertoires.
Le fait qu’il s’agisse d’un orchestre de jeunes est bien dans l’esprit de l’événement, car dans les murs du conservatoire, toute la journée, un essaim de jeunes musiciens travaille sous la bienveillance rigoureuse des professeurs de l’académie, tous solistes, mais passionnés de pédagogie et de transmission.
L’énergie juvénile qui se dégage de la scène est palpable, tandis que le chef déploie une gestique parfaitement huilée et géométrique afin de synchroniser les différents pupitres, mis au « travail de l’orchestre », dans un programme éclectique mais cohérent.
Florence Lethurgez
Musicologue